Il se trouva devant la porte de la prison de Tegel. Il était libre. Hier encore, en uniforme de détenu, il avait, avec les autres, buté des pommes de terre aux champs ; maintenant il portait un pardessus d’été beige. Eux, là-bas, butaient ; lui, il était libre. Laissant passer un tramway après l’autre, il resta adossé contre le mur rouge. Plusieurs fois, le gardien qui faisait les cent pas devant l’entrée de la prison lui avait indiqué le tramway à prendre ; il ne bougeait pas. Le moment terrible était arrivé » terrible, mon petit Franz, pourquoi terrible? « ; finies, les quatre années. Les noirs battants de la porte en fer qu’il avait, depuis un an, contemplé avec une aversion toujours croissante » aversion, pourquoi aversion ? » s’étaient fermés derrière lui. On l’avait expulsé. Les autres étaient restés à l’intérieur, occupés à menuiser, laquer, trier, coller, qui pour deux ans encore, qui pour cinq, alors que lui se tenait debout, devant le point d’arrêt du tramway.