Message au Pflanzendieb
Dans mon immeuble, on arrose les arbres qui souffrent avec cette température, certains plantent des fleurs à leur pied, pour conserver l’humidité et parce que
Dans mon immeuble, on arrose les arbres qui souffrent avec cette température, certains plantent des fleurs à leur pied, pour conserver l’humidité et parce que
Donc il pleut à Berlin – es regnet. Il pleut des chats, des chiens, il pleut des trombes, des seaux, des hallebardes, des cordes, il
Le premier février c’est le jour où le soleil rentre de nouveau dans notre appartement. L’appartement est content, enfin de la lumière chaude. Et nous aussi. Et la soleil aussi.
Dans mon Hinterhof qui fait 30m2 à tout casser, un type s’est servi d’une souffleuse à feuilles pour réunir la dizaine de feuilles mortes qui étaient au sol. 20 minutes de boucan. Une à une les fenêtres se sont fermées tellement le niveau sonore était important. Quand c’est pas Michael Schumacher, c’est les souffleuses à feuilles.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, ça fait 7 ou 8 heures qu’il pleut non stop sur Kreuzberg. J’ajoute qu’aujourd’hui, i’il a fait entre 9° et 12°.
Je crois qu’on peut dire que pour un mois de juillet, c’est particulièrement pourri. Et je le dis.
Pas de ciel, pas de vent, pas de lumière, pas de chaleur, pas de couleur, pas de mouvement. Un ornithorynque chante.
Le vent est incroyablement violent. Quand il s’engouffre dans mon Hinterhof, les arbres se balancent dans tous les sens en faisant un bruit tellement iodé qu’on croit entendre les vagues qui s’écrasent contre les falaises d’Etretat.
Si Gene Kelly avait composé « Singing in the rain » à Berlin en ce moment, il aurait appelé son film « Sinking in the rain » ou « Sinking in the bucket » ou « Das Boot » ou « Le monde du silence ». Quoique les tonnes d’eau qui remplissent mon Hinterhof, font plus de bruit que Jojo le Mérou coinçant une bulle.
Cette fois-ci, pas de mérou dans mon Hinterhof, ce n’est pas la saison. On est en avril, la saison des merles, des oiseaux qui font « pik pik pik pik » et des pigeons qui font « rourourou » en se roulant dans l’air.
Dans mon Hinterhof, les voix sont étouffées par une épaisse couche de neige, des enfants font de la luge et des batailles de boules de neige. Une corneille solitaire m’observe, posée sur une branche, face à mon bureau. Elle s’est gavée de graisse pour résister au froid et sous-estime son poids. La branche sur laquelle elle s’est posée plie. Elle plie tellement que la corneille s’envole, accompagnée d’un croa croa dépité, ou amusé, ou coléreux. Un croa croa assez fort pour que la bataille s’arrête, deux étages plus bas. Les enfants lèvent la tête et suivent son vol. Sauf un, le plus grand, qui profite de l’inattention des autres pour leur mettre de la neige dans le cou.
Berlin : Pendant qu’on s’équipe, il y en a toujours pour parler de ce qu’ils ont vu avant. Une coryphène grosse comme ça, un nuage de corbs gigantesques. C’était toujours incroyable, et surtout ailleurs. J’écoute à peine. Ce qui m’intéresse c’est dessous, ici et maintenant.
Dans mon Interhof, il ne restait plus que quelques feuilles, puis le vent s’est levé, puis il a grêlé (sur France 3, ils diraient, des grêlons gros comme des oeufs de pigeons), puis il a neigé. À toutes fins utiles, je rappelle au type qui fait la météo, qu’on est quand même en novembre, et que ce n’est pas vraiment une période à giboulée, ni un temps de neige. Il va quand même pas nous faire un nouvel hiver 2005 !
Dans mon Hinterhof, des milliers de chatons duveteux recouvrent le sol. Il y a trois arbres, un, qui a déjà de petites feuilles, un qui laisse tomber les chatons et un autre encore nu. Je n’y connais rien en arbre. Dans les arbres des oiseaux chantent. Leur chant se mélange au son d’une radio qui passe doucement par une fenêtre entrouverte. De temps en temps, des gens traversent la cour passent en roue libre, ils viennent du troisième Hinterhof où se trouve le garage à vélo. Un gamin joue au foot cinq minutes et s’arrête en laissant son ballon. Une maman met son casque à un enfant assis sur son porte-bagage, il fredonne. Un type de DHL cherche une sonnette, il voit le ballon et tape dedans. Tout ça donne envie de faire une sieste. J’adore mon Hinterhof.
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