Allemand comme langue étrangère

allemand pour les étrangers A berlin - Photo copyright Didier Laget
Mon intégration est à géométrie variable. Je m’intègre très bien gustativement, j’adore la Currywurst, le Spitzkhol, la pomme de terre Linda, l’asperge de Beelitz. Je m’intègre aussi musicalement, j’écoute Peter Fox et Seeed en Boucle, même chose pour les frères Kalkebrenner, Apparat, Forss ou Moderat. Je m’intègre littérairement, en 6 ans B. et moi avons publié dix bouquins, avec deux en route pour l’an prochain. Mais j’ai toujours du mal avec l’allemand.


J’ai déjà dépensé un peu d’argent dans diverses écoles à Berlin, avec la crise, je cherchais des cours un peu moins chers, quand un ami (allemand, car je suis aussi très bien intégré humainement) m’a suggéré d’essayer les écoles dispensant des cours pour passer le concours Deutsche als Fremdsprache (Allemand comme langue étrangère), elles sont nombreuses et bon marché à Neukölln.
Je partis donc a la recherche de l’école de mes rêves en descendant la Karl-Marx Straße, mais ma quête fut de très courte durée car les écoles en question, sous la dénomination de « cours d’intégration », donnent ces cours en répartissant les hommes et les femmes dans des classes différentes, pourtant il ne s’agit pas de cours de religion.
J’ai donc appris qu’en Turc erkekler veut dire hommes, bayanlar, femme et uyum, intégration. Mais en vrai uyum veut dire harmonie ( intégration se dit bütünleşme ) j’en conclus qu’en Turquie on envisage pas l’harmonie entre les hommes et les femmes et qu’on envisage pas non plus d’intégration en Allemagne, car en Allemagne les cours sont mixtes.
D’après Wikipedia
L’intégration, en sociologie, est un long processus de rapprochement entre une personne, ou un groupe de personnes, et un autre groupe de personnes plus vaste.
C’est certain qu’en procédant ainsi il va être long. Le processus.

Apprendre l’Allemand dans une école

Après avoir fait cette même expérience, une amie japonaise, m’a indiqué la BSI Berlin sur Kottbusser Damm. Une école vraiment Multikulti, où je m’éclate avec mes nouveaux amis, un Coréen, un Espagnol, un Italien et une Italienne, un Colombiens, un Australien, un Mozambicain, un Vietnamien et une Vietnamienne, un Brésilien, un Israélien, une Ukrainienne, une Georgienne. On est une bonne classe et le prof est super. Enfin quand je dis que je m’éclate… peut-on vraiment s’éclater avec les verbes insécables au datif cognitif de mouvement ou est-ce au génitif du plus que parfait conjonctif nominal 2 (substitutif).
La pause est aussi un plaisir. La plupart des élèves sont Espagnols, suivi des Italiens puis un peu de tout en vrac, toutes ces langues se mélangent forment un océan de paroles avec au dessus l’écume de l’espagnol. Et ça me convient, car après avoir maîtrisé l’allemand je veux la même chose avec l’Espagnol (puis l’italien.)

Comme on dit dans la langue de Goethe : es ist nicht morgen la veille.

15 réponses

  1. S’adressant aux immigrés turcs de Berlin, Erdogan, le premier ministre Turque leur a dit « Vos enfants doivent d’abord apprendre le Turc, avant même d’apprendre l’Allemand. » Donc c’est ce qui se passe. Et on s’en rend bien compte dans les écoles de Kreuzberg et bien sûr de Neukölln.
    Toi tu veux t’intégrer, pas eux. D’ailleurs l’argument est complètement étrange, puisque « personne n’a le droit de nous priver de notre culture et de notre identité » (???)
    Dans ce même discours il a aussi dit que « la Turquie va finalement construire ses propres avions de guerre » Quel est le rapport?
    Enfin il a dit pleins de choses étranges : http://www.spiegel.de/politik/deutschland/auftritt-in-duesseldorf-erdogans-vergiftete-liebe-a-747496.html
    Sinon, c’est pas facile de laisser de longs commentaires sur ton site!

  2. Dans ma boîte, j’ai des collègues turcs. Des « vrais » Turcs, jeunes et instruits, qui sont nés en Turquie, y ont fait leurs études, et travaille dans ma boîte qui est un aimant à expats. Quand ils voient les Turcs nés à Berlin, ils désespèrent… Eux, les « vrais » Turcs instruits de Turquie, sont bien plus modernes que les Turcs de Berlin. Ces derniers (surtout leurs enfants) parlent mal la langue turque d’ailleurs, mais une espèce de mélange, de « créole » germano-turc.
    Sinon, je ne sais pas quoi penser du concept « Integrationskurse für Frauen/Männer »… c’est une boîte privée, elle s’adresse à sa clientèle en proposant des services « ciblés » qui répondent à une demande. L’institut en question semble aussi proposer des cours mixtes, à en croire l’affiche (« Deutschkurs mit Computer » et (« Jugendintegrationskurs »). Alors pourquoi pas, dans le fond? À partir du moment où on a le choix, je ne vois pas où est le problème.
    J’ai vu à Mexico des rames de wagons du métro réservés aux femmes (avec ou sans enfants). Les femmes ont aussi la possibilité d’utiliser les wagons « mixtes » si elles le désirent. Certaines femmes préfèrent la relative tranquillité du wagon de femmes, d’autres non. C’est cool, il y a le choix, tout le monde est content.
    Il faut parfois être pragmatique, et ne pas décider que « par principe » tout doit être obligatoirement mixte parce qu’on est en Allemagne. Ce n’est même pas vrai d’ailleurs, il y a plein de clubs et d’établissements non mixtes en Allemagne. Tiens, j’ai même trouvé un cercle germanophone féminin à Dubai: http://frauenkreis-dubai.de/
    @ SID: Erdogan est un sale type, mais tout ce que font les Turcs de Berlin ne vient pas forcément de ses « conseils » à deux balles…

  3. @Berliniquais. Avant de répondre, je voudrais te dire que j’ai laissé une bonne dizaine de commentaires sur ton blog et qu’ils ne paraissent jamais, vérifie peut-être ton dossier de spam. Je te le dis pas ce biais car j’ai l’impression que mes mails ne passent pas non plus. (berlin@equipier.com)
    Bien, mais te répondre quoi… Il ne me serait jamais venu à l’idée de comparer le choix qu’ont les femmes dans les trains mexicains avec la séparation des hommes et des femmes dans les écoles de Neukölln, et puis j’aime pas trop l’idée qu’il y a de vrais turcs.
    Si tu penses qu’à partir du moment où on a le choix, tout le monde est content, je suis pas trop d’accord mais bon je ne sais pas quoi dire.

  4. Salut, l’été dernier j’ai passé 3 semaines à Prolog, avec l’ambiance qu’il y avait on se demande comment l’Europe devient ce qu’elle devient. Dans le pauses je parlais un mélange d’Allemand, de Français, d’Anglais avec beaucoup de mimiques et de gestes et ça se passait super bien

  5. Eh bien Didier cela me chagrine que tes commentaires ne passent jamais. Je vérifie régulièrement le dossier « spam » (d’ailleur j’en ai de plus en plus) et je peux te dire que je me réjouis énormément de chaque commentaire que je reçois! Dommage, mais c’est ainsi… je ne sais pas quoi faire… écrire à la hotline de Blogger? En plus, j’ai viré la fonction « vérification des messages » avec les petits signes horribles et illisibles, ca devenait vraiment infernal, et hautement dissuasif aussi j’en suis sûr. Bref, mystère…

  6. Mes commentaires mettent un peu de temps à s’afficher chez toi aussi d’ailleurs.
    Bref, pour revenir au sujet, eh bien je peux te dire que les Turcs de Berlin (surtout de la deuxième génération et des suivantes) ont à terme vocation à devenir allemands d’une certaine manière. Ils peuvent bien sûr être allemands tout en restant turcs dans une certaine mesure, mais ils sont a priori « moins turcs » que les « vrais Turcs » qui sont nés en Turquie et y ont grandis. C’est un phénomène normal après tout. Je n’ai pas dit que ce sont de « moins bons » Turcs, juste qu’ils ne sont plus Turcs à 100%, ne serait-ce que culturellement… voilà.
    Tu sais, moi aussi quelque part cela me dérange un peu, des classes séparées hommes/femmes. Ce n’est pas représentatif de la culture allemande ni même européenne, et bien sûr, cela crée un paradoxe avec le fait qu’il s’agisse de « s’intégrer », ce qui est le but affiché de ces instituts. Mais ce n’est pas interdit par la loi, ni même moralement condamnable dans le fond. Où et comment freiner ces initiatives privées et entièrement légales? Il y a déjà des services de taxis qui proposent de ne pas véhiculer les hommes et les femmes ensemble. Je n’approuve pas, mais je ne suis pas obligé de faire appel à cette compagnie « Muslim Taxi » (c’est son nom) et je n’ai pas de raison d’empêcher les gens qui préfèrent ce mode de transport de l’utiliser… Comme pour le wagon des femmes du métro de Mexico 🙂
    Il y va aussi de la liberté individuelle des gens qui vivent en Allemagne.
    Si un jour on m’obligeait à manger des Königsberger Klopse et du Leberkäse et de la saucisse et des Klöße chaque semaine pour « m’intégrer », je crois que je décamperais bien vite vers des cieux plus cléments!

  7. @Berliniquais Pour moi, vivre dans une société, c’est vivre avec les gens qui la compose, car l’échange et les contact nous enrichissent mutuellement, sinon pourquoi être ensemble? Je ne connaissais pas les Muslim Taxi, je trouve ça nul (en plus du fait que ton exemple fait la simplification Turque = Musulman) , et je dirais la même chose des Christian Taxi ou jüdische Taxi. Les communautarisme religieux ne travaillent pas à l’unité de la société mais à sa fragmentation.
    Désolé pour la lenteur de parution des commentaires, je les filtres “à la main” et ne suis pas collé devant mon écran, c’est vrai que parfois ça met du temps, encore une fois je suis désolé.

  8. il me semble qu’en egypte, des taxis sont réservés aux femmes , mais , tout simplement parce que les transports en commun deviennent infernaux pour Elles … attouchements ect .. d’ailleurs la place Tahir devient un exemple de ces harcélement s et malheureusement un lieu ou il ne fait pas bon de « trainer » pour la gente féminine .
    alors les taxis muslims à Berlin ont t ils été créés afin que les femmes soient « tranquilles » quand elles voyages ; ou est ce une fois de plus une magniére d’accentuer la ségrégation hommes /femmes ,??, c’est une question , je n’habite pas Berlin .

  9. @ Didier – Quoi? Pas collé devant ton écran??? Skandal!! 🙂
    @ El Pix et Didier – Muslim Taxi n’est pas réservé qu’aux musulmans, ce serait ouvertement discriminatoire et interdit par la loi. Il n’est pas interdit d’appeler sa société privée « muslim taxi » ou « muslim Handwerk » ni « muslim ce que tu veux » mais il est interdit d’en réserver l’accès aux membres d’une religion en particulier… L’une des spécificités de Muslim taxi c’est qu’ils choisissent de transporter les femmes ou les hommes, séparément. Moi aussi je trouve ça nul à pleurer, mais ce n’est pas illégal, alors on ne peut rien faire contre, même si au moins il nous reste de droit de râler. Je suis d’accord avec toi que c’est « mieux » de vivre « ensemble » avec toutes sortes de gens différents, je n’ai aucune envie de m’enfermer dans une bulle de Français ici, mais certaines personnes ne sont pas de cet avis et préfèrent ne pas se mélanger (certains Turcs, certains Arabes, mais aussi certains anglophones, francophones, russes, etc…). C’est leur droit tant qu’ils n’enfreignent pas des lois pour se maintenir dans leur petit cocon culturel. On peut déplorer cet état de fait mais je préfère que ce soit autorisé plutôt qu’interdit par la loi, je préfère avoir la liberté de choisir de m’intégrer ou pas. Car au final, même si on peut regretter qu’il n’y ait pas de lois contre les « cons », c’est mieux ainsi. Je suis pour la liberté, même la liberté d’être un con.
    Je suis d’accord avec toi sinon que les communautarismes religieux, c’est la peste des temps modernes.

  10. Pour Berliniquais. Les femmes d’Istamboules sont ravies, peut-être auront elles aussi un bus qui leur est réservé. Une véritable progrès !
    http://www.ifre/index.php/actualites/actualite-moyen-orient/item/1025-ifea-ovipot-bus-roses-discorde-pembe-metrobus
    « e plus, pour les principaux détracteurs du projet, le problème est clair : les femmes qui choisiront de prendre un metrobüs normal seront vue comme des femmes cherchant volontairement la proximité des hommes, donc peu dignes de respect et de considération. En cas de problème avec un homme dans un bus normal, nul doute qu’elles se verraient rétorquer qu’elles n’avaient qu’à prendre son équivalent rose… si elles osent s’en plaindre. »

  11. Les commentaires s’éloignant du titre de ce billet, voici un article du Monde.
    Depuis le 9 mai, une étudiante française de 20 ans, Sevil Sevimli, est détenue en Turquie. Accusée de « collusion avec une organisation terroriste », elle risque jusqu’à douze ans de prison.
    Le crime de cette jeune femme est d’avoir participé au défilé du 1er Mai – légal – à Istanbul, d’avoir assisté, en compagnie de 300 000 autres spectateurs, à un concert d’un groupe, Yorum, engagé à gauche, d’avoir collé une affiche en faveur de la gratuité de l’enseignement et d’avoir participé aux pique-niques d’une association étudiante. Il n’en a pas fallu plus pour lui reprocher une proximité coupable avec une organisation d’extrême gauche interdite, le Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C).
    Née en France de parents turcs, Kurdes de confession alévie, immigrés en France il y a trente ans, Sevil Sevimli est étudiante en information et communication à l’université Lyon-II. Elle se trouvait à l’université d’Eskisehir, dans le nord-ouest de la Turquie, dans le cadre d’Erasmus, programme d’échanges universitaires de l’Union européenne (UE), auquel la Turquie participe à titre de pays candidat à l’UE. Sevil Sevimli avait choisi la Turquie pour son stage Erasmus pour pouvoir mieux connaître le pays d’origine de ses parents.
    Pour les autorités d’Ankara, l’étudiante, qui a la double nationalité, est turque. L’ambassade de France n’a été autorisée ni à lui rendre visite, ni à être informée de son dossier. Ce dossier, en tout état de cause, est inaccessible à qui que ce soit, y compris aux avocats, puisque Sevil Sevimli est accusée en vertu d’une procédure d’exception, dans le cadre de la législation antiterroriste de 2006.
    Pour la France, elle est une ressortissante française. Elle est, en réalité, une étudiante française victime d’un traitement totalement hors de proportion avec les faits qui lui sont reprochés, détenue par une justice d’exception au mépris des règles de l’Etat de droit. Sevil Sevimli doit être libérée sans attendre et autorisée à regagner la France.
    Son cas, malheureusement, n’est pas isolé. Plus de 600 étudiants turcs sont emprisonnés depuis 2010, selon des organisations étudiantes, et un millier de lycéens ont été arrêtés ces derniers mois, considérés comme trop proches des milieux de gauche. Quelque 70 journalistes, dont une bonne partie travaillaient pour des médias kurdes, sont également en détention. Le durcissement de la répression dans le pays du premier ministre Recep Tayyip Erdogan fait craindre à de nombreux observateurs le retour des vieux démons de la Turquie, au moment où ce pays, dynamisé par une forte croissance économique, revendique le statut de puissance régionale.
    L’arrivée à l’Elysée d’un président français moins hostile à l’adhésion de la Turquie à l’UE et un premier contact plus détendu entre M. Hollande et M. Erdogan à Chicago pouvaient laisser espérer un nouveau départ dans les relations franco-turques. Il serait éminemment regrettable que le maintien en détention de Sevil Sevimli gâche cette perspective.

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