Les bras un peu écarté pour garder l’équilibre sur les trottoires glacés, on marche à la queue leu leu sur la petite partie du sol qui est recouverte d’un peu de gravier, c’est la marche de l’empereur. Mais voilà plusieurs semaines que ça dure et à force de regarder le sol pour éviter les plaques de verglas pernicieuses ou la fourbe neige glacée je ne vois plus grand chose de Berlin.
Malgré la neige, malgré le froid, malgré le vent sibérien, Angela Merkel et Vera Lengsfeld sont toujours là sur certains panneaux, nous présentant leurs décolletés pour nous prouver qu’elles ont plus à offrir. À leur place, voyant comment les militants du CDU traitent les femmes, je quitterai le parti.
Comment un pauvre scooter, habitué aux températures transalpines, peut-il résister à l’hiver berlinois ?
Je remontais Friedrichstraße quand j’ai vu un spectacle hallucinant.
Hier, le 24 novembre, plus de 600 policiers ont vidé les dix-neuf habitants du squat de la Brunnenstrasse 183. Sur la vidéo filmée par un voisin, on voit que la rue a été barrée et qu’un nombre incroyable de véhicules de polices l’occupe. Sans compter l’indispensable hélicoptère, nécessaire pour lutter contre de tels terroristes. Je crois que l’image de Berlin vient d’en prendre un coup!
Sur cette photo, beaucoup de passé ou d’avenir, c’est difficile à dire. À gauche le bâtiment rouge, l’École d’Architecture de Schinkel, est une maquette grandeur nature, dont les façades sont en toile peinte et qui devrait être reconstruit à l’identique. Au centre, la masse grise est l’évocation du Palast der Republik faite de photos collées sur les parois du Temporäre Kunsthalle et à droite une image 3D, montrant le futur Schloss.
Depuis deux ou trois jours, avec le vent, les hélicoptères nous tombent sur la tête sans arrêt. Le sol en est jonché et quand on marche dessus, ils éclatent en faisant un bruit de Pop-corn.
Une petite vidéo de Royal de Luxe à Berlin, sous-exposé, surexposé, monté n’importe comment, tremblante comme il faut, avec plein de faux plans, mais c’est le sentiment qui compte.
Les géants ont fait un dernier tour ensemble, jetant au passage les lettres qui avaient été envoyées, mais n’étaient jamais arrivées. Encore une fois je me suis posé la question de comprendre pourquoi ils étaient émouvants, sans trouver la réponse. Je me souviendrai d’un papa qui portait son petit enfant sur le dos, l’enfant était très impressionné par les géants et j’entends le papa qui lui dit « Dès qu’on est trop près d’eux, dis-le-moi et je m’arrête tout de suite. »
Berlin : J’aurais aimé être à la place du guitariste de Royal de Luxe qui joua ce matin devant l’Hauptbahnhof, la foule était encore plus impressionnante qu’hier et le son vraiment bien. On a attendu 20 minutes, tandis que le groupe faisait monter la tension, puis la pluie a commencé et surtout le géant est sorti de l’eau. En regardant les gens qui m’entouraient, j’ai vu de la joie s’afficher, et même de l’émotion, on a beau savoir que ce ne sont que des marionnettes, on est touché.
C’est au péril de mon appareil photo que j’ai ramené ces photos de la géante dans la Friedrichstraße, il a fallu passer entre les goutes de pluies venues nombreuses admirer le spectacle, la foule épaisse de lilliputiens armés de parapluies aveuglants, un service d’ordre au QI inférieur à celui du roulement à billes du genou gauche de la géante et enfin un monsieur aux cheveux blancs qui semblaient prendre plaisir à jeter sa tête contre mon objectif si bien que sa tonsure est au premier plan de la moitié de mes photos!
Aussi grand que les Lu sont petits, les géants de Royal De luxe sont dans la place. Aujourd’hui, le badaud curieux avait le choix entre une ancre géante qui s’est sans doute détaché d’un bateau aussi gigantesque sur la Pariser Platz et un geyser qui jaillit toutes les dix minutes sur la Schlossplatz.
Si vous aviez été allongé sur le dos, au croisement de la Ruppiner Straße et de la Bernauer Straße le 15 aout 1961, voilà ce que vous auriez sans doute vu. Le jeune soldat Hans Conrad Schumann sautant au dessus des barbelés pour passer à l’Ouest. La scène avait été photographiée par Peter Leibing.
Il a tellement plu sur Berlin, ces dernières semaines, que par endroits, les pavés ont une barbe de trois jours. Même ceux, au milieu des rues. Malgré le trafic incessant des vélos et des voitures, et des camions de livraison aussi.
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