Si trop de couleurs tue la couleur, trop de monochromie raye le cristallin.
Ce nouvel immeuble rubéoleux pousse à la limite de Kreuzberg et Schöneberg. L’architecte qui l’a conçu devait avoir une conjonctivite lorsqu’il travaillait dessus. Il est fait d’un assemblage obsessionnel de cubes vinasses, empilés sans rythme, sans doute un symbole de liberté, un geste rebel, un refus d’harmonie.
C’est vrai que l’harmonie, c’est bien trop contraignant… En plus, l’harmonie, on l’a avec le camaïeu purpurin. Étouffant.
Même le Spielplatz est rouge, du toboggan aux balançoires. On imagine que du sang de bœuf coule des robinets. Et pour faire berlinois, la ville du street-art, le seul mur qui aurait pu rester un peu tranquille a été recouvert de faux graffitis couleur lis de vin et maronnasses. À part un immonde caméléon bleu à lunettes roses. Un cauchemar !
Mais commercialement, ça a l’air d’être un succès, tous les appartements sont occupés. Peut-être par des clients d’Alexa le gros tas.
J’aime bien les couleurs extrêmes de certains immeubles de Berlin, comme celui de la Zossener Straße, le jaune de Südstern et la déjà très multicolore façade de Wedding, mais là j’ai du mal.
Vous pouvez me traiter de bougon.