Ça commence pas trop bien, mais la fin est superbe et il y a même une vidéo.
Daniel Barenboim donnait un concert gratuit avec l’orchestre du Staatsoper de Berlin. C’était sur la Bebelplatz. Arrivé une heure avant, car je pensais avoir plus de chance d’être bien placé, je me rendais vite compte que d’autres étaient venu encore plus tôt.
Coincé contre un mur j’attendais que le concert commence. En même temps la place se remplissait, devrais-dire débordait.
Au moment ou Daniel Barenboim et Yuja Wang arrivent sur scène, un groupe se colle devant nous (moi et tous les gens contre le mur, que j’appellerais à partir de maintenant les muriens). Ils sont très grands et plus personne ne vois rien.
Une dame ose un timide et inutile « Entschuldigung ». Elle s’appuie de nouveau contre le mur et lance un « Scheiße Spießer ! » qui fait rire l’un des type, mais ils ne bougent pas pour autant.
Pendant ce temps l‘orchestre progresse dans le concerto pour piano Nr. 5 Es-Dur op. 73, un de mes favoris dans l’œuvre de Beethoven. Le son n’est pas génial, le piano est dur et l’orchestre un magma indistinct, il est protégé de la pluie par un tente tubulaire, ce qui fait que le son direct est très médium et qu’il se mélange mal avec le son amplifié. Et surtout, l’écran vidéo, la seule manière pour les muriens de voir quelque chose, n’est pas synchronisé, le son arrive une demi seconde avant l’image. Quand, sur la pointe des pieds, j’arrive à voir la vrai baguette de Barenboim, c’est un peu mieux.
Pourtant l’orchestre est superbe, et l’interprétation très vigoureuse et rythmé de cette oeuvre que j’adore, me la fait aimer encore plus. La pianiste Yuja Wang swing et la lourdeur supposée de Beethoven est remplacé par un élan très contemporain.
Les « Scheiße Spießer » appellent d’autres « Scheiße Spießer » avec leur Handy. Alors forcément ils crient pour couvrir la musique qui parasite leur conversation.
C’est est trop, j’abandonne les muriens et entame une progression vers Unter der Linden qui s’avère difficile tant la foule est dense.
D’où je piétine maintenant, je vois encore moins la scène mais la vidéo mieux.
Toute la première partie de ce concerto n’a qu’une raison d’être : préparer l’Adagio. Et justement, l’orchestre en joue les premières notes.
Je reste.
L’interprétation est tellement touchante, que personne ne bouge, je pense que loin là bas, les « Scheiße Spießer » doivent mourir devant tant de beauté. A la fin d’un passage de piano, devant moi, un type se tourne de côté pour écraser une larme, sa copine le regarde en souriant, parce qu’elle aussi a la larme à l’oeil. Du coup moi aussi.
A la fin les applaudissements durent longtemps. C’était incroyable. Le pouvoir de la musique.
Vu le peux de réaction à mon billet sur le son amplifié au théâtre, j’imagine bien que mes commentaires sur le son n’intéressent pas grand monde, cependant le son amplifié était bien meilleur tout au fond de la place, plein d’ampleur et de puissance, mais la vidéo était tout aussi pourrie.
Après ce méga concert, je me suis rendu à Dada Falafell pour une dose de Classical Revolution beaucoup plus intimiste. Au programme, Alexander Tcherepnin et Vivaldi. J’y ai retrouvé Adam Scow, le cofondateur de Classical Revolution, que j’ai interviewé il y a quelques jours. Bientôt sur ce blog et peut-être dans le poste aussi.
Entre la tête et l’arrêt de bus, les mains de Yuja Wang à la TV
Derrière l’arrêt de bus Daniel Barenboim à la TV
Les meilleurs places: la terrasse de l’Hôtel de Rome
2 Responses
bah oui mais aussi tu as demandé des gens qui s’y connaissent en théâtre! On est des lecteurs bien élevés nous (enfin je suis bien élevé, je ne sais pas ce qui me prend de parler pour les autres). En tout cas, je pense que ça doit pas être évident pour les ingénieurs du son de rendre qqch de potable pour une si grande foule, surtout qu’en plein air, le son se barre dans tous les sens et pour les orchestres c’est jamais très flatteur.
Sniff, nous on est arrivés aux dernières mesures! Par contre, pour le son, je confirme, le plein-air c’est difficile: j’ai participé au concert d’ouverture d’expo 02 (exposition nationale suisse en 2002), et on jouait sur trois sites différents, avec trois orchestres différents, mais un seul chef d’orchestre. La synchronisation geste/son a été un vrai problème!