Lulu au Berliner Ensemble

A berlin - Photo copyright Didier LagetJe suis retourné au Berliner Ensemble, voir Lulu et je me suis vraiment éclaté. J’y suis retourné, parce que la troupe m’avait emballée dans l’Opéra de quat’sou, parce que c’est Robert Wilson qui signe la mise en scène et parce que la musique est de Lou Reed.


Premier Acte
La première chose que l’on entend est le son d’une guitare électrique qui déchire le silence de la salle et se transforme en matière grâce aux mouvement d’un comédien sur scène. Non, le premier son qu’on entend c’est les portes du théâtre, dont Robert Wilson a demandé qu’elles soient claquées violemment avant le début de la pièce, l’appel d’air et le son a surpris tout le monde, puis la guitare puis le reste.
Et résumer le reste est impossible, c’est une alternance de longs et lents mouvements avec des scènes très courtes, on passe de déclamations hallucinantes à des choses qui s’approchent de la comédie musicale ou de la farce. Le tout entrecoupé de chansons, de cette guitare, qu’on peut considérer comme un acteur de la pièce, d’effets sonores qui jaillissent de partout dans la salle. J’ai été un peu été dérouté par la première partie, cela vient sans doute que je vais rarement au théâtre, mais c’était tellement beau.
Entracte.
Petit verre de Chardonnay.
Deuxième Acte
Magnifique. Une fois de plus je n’ai pas de mots, je sais je ferais mieux de ne rien dire mais que voulez vous. Je n’ai pas de mot pour décrire la beauté des scènes qui suivent, Robert Wilson sculpte l’espace avec la lumière et un positionnement des acteurs dans les décors qui évoquent aussi bien Chirico que les maîtres flamands. Par moment j’ai l’impression qu’on a mis quelque chose dans mon Chardonnay tellement mes sens sont trompés.
Cinq minute plus tard l’heure et demi est passée. Quel théâtre.
Allez y. Vraiment. Vous n’avez jamais vu des acteurs pareils, aussi précis, vous n’avez jamais vu une mise en scène qui vous fera perdre vos repères comme celle ci. On est proche du rêve éveillé. Vous n’avez jamais entendu le son dune Strat se mélanger avec deux violoncelles et des samples de cette manière. C’est vertigineux.
Petit Intermède technique.
Si vous n’avez pas compris la partie sur la Strat et les samples, passez ce paragraphe. Les musiciens jouent au feeling, sans « click track », j’étais impressionné d’entendre comment ils se synchronisent ensemble alors que parfois ils illustrent des évènement assez aléatoires. Le guitariste, Dominic Bouffard, joue sur une vieille Strat branchée directement sur la table de mixage, via un Line 11, le batteur, Stefan Rager, déclenche des loops ou des séquences grâce à Ableton Live sur un Mac et deux claviers M-audio Oxygen. 3 ingénieurs du son s’occupent de mixer tout ça, un pour les voix amplifiées, un pour les effets sonores, un pour la musique et le reste, ils disposent de plus d’une vingtaines de haut parleurs totalement indépendant pour « placer » les sons dans l’espace. Bien sûr la lumière est incroyable… Et j’arrête là avec les superlatifs, c’est fatiguant. (mais enfin quand même, les tenues sont superbes, les maquillages aussi et les acteurs…)
Lulu sera joué de nouveau les 26.03.2012 à 20h00 et 27.03.2012 à 19h00
Essayez d’avoir des places au milieu de la salle et si c’est complet allez voir Shakespeare Sonnette. C’est la même troupe, Robert Wilson a aussi fait la mise en scène et la musique est signée Rufus Wainwright, un autre grand musicien.
Bravo à Angela Winkler (Lulu) qui jouait Jenny dans l’Opera de quat sous et à Ulrich Brandhoff (Eduard Schwarz), Alexander Ebeert (Mr. Hopkins), Anke Engelsmann (Martha Gräfin von Geschwitz), Markus Gertken (Alwa Schöning), Ruth Glöss (Ruth), Jürgen Holtz (Schigolch), Boris Jacoby (Kungu Poti), Alexander Lang (Dr. Franz Schöning), Christian Löber (Jack), Marko Schmidt (Ferdinand), Sabin Tambrea (Jack), Jörg Thieme (Dr. Hilti), Georgios Tsivanoglou (Dr. Goll, Rodrigo Quast) aussi. Et Ulrich Eh qui s’occupe des lumières et les musiciens Stefan Rager (Batterie, loops), Ulf Borgwardt (Violoncelle et claviers), Dominic Bouffard (Guitare), Friedrich Pravicini (Flute, Violoncelle, Harmonica), Ofer Wetzler (Basse), Joe Bauer (Effets sonores)
Lulu de Frank Wedekind
Berliner Ensemble
Theater am Schiffbauerdamm
Bertolt-Brecht-Platz 1
10117 Berlin

2 Responses

  1. oui, mais Lou Reed est venu à Berlin pour diriger l’orchestre et surtout orienter le guitariste, Dominic Bouffard, vers une interprétation plus proche de Metal Machine Music que de ce qu’il a fait avec Metallica.

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