Hans s’arrête au bord du toit, se penche un moment, allume une cigarette puis se masse les reins. Il pense à toutes les lettres types qu’il a reçus des éditeurs à qui il envoyait ses manuscrits. L’enveloppe qu’il trouvait dans sa boîte aux lettres, le logo de l’éditeur, en haut à gauche, Marianne sur le timbre et son envie d’avoir un regard laser pour lire la lettre sans avoir besoin d’ouvrir l’enveloppe. Car il avait déjà une idée de ce qu’elle contenait, un refus.
Il ouvrait l’enveloppe, c’était un refus.
Avec les mêmes phrases polies, notamment une qui redevenait souvent: le chemin est long et difficile, parfois ils ajoutaient qu’il était semé d’embûches mais « nous vous encourageons à persévérer dans votre travail ».
Enfin, ça, c’était du temps où il envoyait ses manuscrits par la poste. Il attendait parfois des mois avant de recevoir une réponse, en se disant que c’était normal, qu’il n’était pas seul, que l’éditeur prenait le temps de lire son roman, que c’était peut-être plutôt bon signe…
De nos jours, il reçoit parfois un mail de refus quelques minutes à peine après avoir envoyé sont PDF. Soit les gens lisent très vite, soit le répondeur automatique de leur messagerie est paramétré pour dire non.
Le chemin est long, alors il se remet en route, après tout le plus important, ce n’est pas d’arriver, ce qui compte, c’est le chemin.
Et moi, d’en bas, je prends ma Photo du lundi.