J’ai marché pieds nus dans le Sahara. C’était mystique. J’ai fait Bourges-Sancerre de nuit, dans de gros godillots en cuir. C’était authentique. Mais douloureux. Je me suis lancé à l’assaut du Mont Blanc dans des coques bleues, confortables et ergonomiques, mais ce fut sulfureux, car je fumais trop et dû m’arrêter après les premières rimayes. La honte. Maintenant je me balade en tongs dans Kreuzberg.
Une petite fille sur la pointe des pieds se penche par-dessus la rambarde de l’Admiralsbrücke. Je me penche à mon tour. Un Knut blanc flotte contre un des piliers du pont. Ça change des cygnes. Nous sommes rejoints par un homme, tatoué, percé, bourré.
Aller prendre un pot au Café am Engelbecken, c’est comme aller chez votre tante Isidora, qui a recouvert les murs de son salon avec un papier à motifs bien lourds et oppressant. Elle achète ses meubles dans les vide-greniers, mais comme elle n’aime pas la routine, chaque fauteuil est unique et surtout recouvert de velours fleuris qui fait éternuer.
Voilà deux jours que Berlin est dehors. Je ne sais pas comment font les gens qui ne peuvent pas sortir alors qu’une pluie de lumière inonde les rues. L’Admiralbrücke passe lentement en configuration « c’est l’été je bois ma Beck avec mes potes jusque tard dans la nuit » la petite dame qui vend ses journaux sur sa chaise en paille est un petit peu débordé, mais je suppose que son chiffre d’affaires grimpe avec la température, elle n’a plus le temps de tricoter. La queue fait son apparition devant le glacier Isabel.
Ce n’est pas parce qu’il fait gris qu’il ne faut pas sortir. Je m’emmitoufle (Emmitouflen en Allemand), grimpe sur mon vélo et file à travers Berlin. Il est autour de 14:00 mais on se sent beaucoup plus tard. Donc je pédale parmi d’autres emmitouflés.
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