La route qui longe la Baltique sur plusieurs kilomètres entre Karlshagen et Peenemünde est bordée à droite par des plages et à gauche par des barrières interdisant l’accès à la forêt, un panneau signale régulièrement le risque que des munitions explosent.
« C’est quoi ces munitions? »
« Des bombes qui n’ont pas explosé lors du bombardement de la base en 1943 »
À quelques pas de la frontière polonaise, le nord de l’ancienne Allemagne de l’Est est resté dans son jus. Le gouvernement de la RDA, n’a jamais déminé cette côte et les villages alentours sont tellement gris qu’on a envie de fuir. Je ne sais pas si ce que dit Bernd sur ces panneaux est vrai, il râle beaucoup, il n’aime pas le gouvernement actuel qu’il accuse de tous les maux, et quand je m’étonne que le déminage n’est pas été fait en 40 ans de RDA, il ne répond pas.
Logement « ouvrier »
C’est à Peenemünde que Wernher Von Braun a inventé les fusées V1 et V2 qui sont tombées sur l’Angleterre, la Belgique et le Nord de la France. Quand la guerre a fini, Von Braun a été embauché par les USA. Peenemünde est passé aux mains des Russes qui en ont fait une base de sous-marins.
Le 20 juillet 1969, Von Braun permettait à Neil Amstrong de faire sur la lune, un grand pas pour l’humanité, Bernd à 10 ans. En 1989, il a le droit de regarder la télé de l’Ouest sans risque de se faire arrêter, en 2009, il a oublié comment c’était vraiment, il râle contre tout mais surtout contre les africains «il y en a partout», nostalgique de la RDA, je le soupçonne de vouloir reconstruire le mur. Wernher Von Braun a de la chance, il s’en est bien sorti. Il bombarde les alliés et maintenant on le célèbre. Tout le monde a oublié Peenemünde. La lune, Bernd s’en fou. Ce qui compte c’est ce qui se passe ici, et ici, il y a trop d’étrangers.
Ancienne Maison de la culture de Zinnowitz
Il y a quarante ans, on a marché sur la lune, ça, c’est sur.
Il y a vingt ans, le mur est tombé, ça, c’est moins certain.
Pour info : Bernd n’existe pas, il est le mélange de deux personnes rencontrées là bas. Ce jour-là, c’était il y a quelques mois, j’ai failli me faire casser la figure, parce que je prenais des photos ! On a passé une dizaine de jours dans la région de Usedom, un moment extrêmement déprimant.
2 Responses
J’aime bien cet article, cet endroit qui est resté dans son jus a l’air déprimant… mais on ne peut s’empêcher d’être fasciné par ce genre d’ambiance, n’est ce pas ?
@ Benjamin Je peux dire que la fascination, après une journée elle fait place à un malaise et l’envie de partir…