Une pluie fine tombe sur nous, à laquelle se mêlent de grosses goutes chaudes, elles rebondissent de feuille en feuille et s’écrasent sur le sable, soulevant des corolles de poussière. Dans l’air, un parfum de terre humide et de bois mouillé. À chaque impact, un son. Un rythme se créé. Nous suivons Alony.
Il y a moins de 10 ans qu’Efrat Alony chante, pourtant sa voix a une maturité qui emporte. C’est simple, sans décorations inutiles. Le terme de paysage sonore n’a jamais était autant approprié, elle réussi avec, un pianiste, un percussionniste et un ingénieur du son a m’emporter dans des endroits où mes oreilles n’avaient jamais mis les pieds.
Le batteur, Christian Thomé, et le pianiste, Mark Reinke, créent une musique tactile, faîte de crépitements, de nuages mélodiques, de vagues fraîches et cristallines. Les outils de Christian Thomé, sont un bout de batterie, des objets frappés contre les micros, xylophone, archet et un groove incroyable et subtil. S’il est l’architecte de ces paysages, Mark Reinke en est le paysagiste. Il nappe les refrains de Moog chaud, les ponts de mélodica et les couplets de Nord granuleux. Mais son instrument principal est un piano préparé. Il fait corps avec cet instrument, étouffant les sons avec ses mains ou des morceaux de tissus. On est loin de John Cage, il swingue et ses mélodies font décoller.
Il ne faut pas que mon inventaire vous effraie, vous laissant penser que les concerts d’Alony sont des performances intellos, mais les endroits explorés et les moyens utilisés pour y arriver sont nouveaux pour moi qu’il me semble important d’en parler, d’autant plus que l’utilisation inhabituelle d’instruments créé une chorégraphie fascinante. On voyage entre la Soul, le Jazz et le rêve. Efrat décrit justement leur musique « comme un film pour les oreilles »
Le quatrième membre du groupe est l’ingénieur du son, Jörg Surrey. Il réussit à mélanger plusieurs dizaines de sources sonores très différentes avec élégance et transparence, il modifie les espaces, la position des instruments sans qu’on réalise le travail accompli. Par moment j’imaginais que les lumières avaient changé, mais c’était le son qui avait changé.
Quand le concert s’est fini, après plusieurs rappels je me suis dit « Quoi? On est déjà arrivé? »
Pour promener vos oreilles, emmenez-les à la Gedächtniskirche, pour le prochain concert d’Alony à Berlin, le 10/07/09. Voici son clip, signé Frank Hellenkamp, qui est lui aussi est… Ailleurs.
Remarque à mon égard: arrêter d’écrire des trucs du genre « où mes oreilles n’avaient jamais mis les pieds », ça ne fait rire que moi, et encore.
4 Responses
Dommage que tu ne nous préviennes pas avant ce genre d’évènement 🙂
Quelle chance que tes pieds aient transportés tes oreilles au Babylon-Mitte : merci pour ce clip merveilleux.
Bibi 63 nous avait vanté ce clip .merci à Didier et à Bibi 63 . C’est presque aussi beau qu’un concert de J D florez! Dommage que nous ne soyons pas à Berlin en juillet .Très bien l’image des pieds et des oreilles . Si, Si .
Merci pour cet article et ces photos ! J’en avais fait la promo et j’ai raté ce concert, quel dommage ! Je m’empresse de faire écho à ton article sur « Jazz à Berlin » !