Rewind. Mon grand père avait rentré son bleu de travail dans ses bottes en caoutchouc vert. Le béret vissé sur la tête, il me guidait à travers la bruyère. En arrière plan le Puy de Sancy sur fond de ciel bleu et la silhouette noire de la tour de la mine de Messeix. C’est justement la mine qui m’inquiétait, car je savais qu’elle était sous nos pieds et que parfois le sol s’effondrait. Après un moment de marche, on quittait les genets et les bruyères, on sautait par dessus un ruisseau, nous avions atteint notre objectif, le champ aux pissenlits. J’avais un couteau à la main, mais la vue des grands lombrics qui zigzaguait entre les mottes de terre rouges m’écoeurerait. Après trois ou quatre berk bien sonores, je me retrouvais à porter le panier en osier dans lequel il jetait sa récolte. De jolis petits pissenlits, blancs et verts.
À la maison il coupait les queues et les lavait pendant que des lardons grésillaient dans la poêle noire. Il coupait le gaz, jetait les pissenlits dans la poêle, un filet de vinaigre et recouvrait le tout deux ou trois minutes. Puis on mangeait la meilleure salade de pissenlit aux lardons du monde. Tiède. Les petites feuilles crénelées chatouillaient le palet et celles qui étaient encore blanches croquaient. J’avais même doit à un verre d’eau coupé de vin.
Et là,au Karstadt de Hermannplatz, je trouve des pissenlits géants. Géants ! Des dents de lions ( Löwenzahn ) comme on dit ici.
Non mais Oh!, mais ça va pas la tête ?
10 Responses
Ah la la, les dents de lion (comme on dit en Suisse) ne sont plus ce qu’elles étaient…
Sauf que là c’est de la « cicoria catalogna », j’en ai mangé en Italie mais jamais ailleurs! On mange les petites pousses (puntarelle) en salade et les feuilles à peine saisies, un peu comme la recette de ton grand père.
Je me souviens de ma mère, par ailleurs si snob, allant aux bords des champs cueillir des pissenlits.
@JvH Je ne comprends pas. Tu veux dire que celles que j’ai photographiées sont de la chicorée? Mais qu’en Italie on mange les petites pousses?
Oui, c’est de la chicorée. En Italie on mange les grandes feuilles cuites, et entre les feuilles il y a comme des petits bourgeons qu’on peut manger crus, en salade.
Je ne crois pas que les pissenlits puissent atteindre cette taille, même s’ils sont de la même famille!
Mmmh, quelle délicieuse description, j’en ai l’eau à la bouche…
Merci, Didier, pour la déscription et les cours de français gratuits. Je ne connaissais pas le mot « pissenlit » et suis ravi de savoir que c’est « dent de lion » en Suisse. En anglais, c’est « dandelion ». Mais n’est-ce pas un pissenlit la petite fleur qu’on souffle pour que les semences s’envolent partout?
@Bib Exactement
Chez moi, pas très loin de l’Auvergne, on dit « baraban » (et avec l’accent stéphanois ou appelou c’est encore mieux).Mais c’est aussi inmangeable !!
Mon estomac s’est relâché d’un coup en apprenant que ce n’était finalement pas des barabans géants !! OUF !
Vous trouverez des lombrics en suivant les « instructions » du site Merci lombrics sur google
le puntarella ne serait pas plutôt le coeur de ce fameux pissenlit italien ?
Les feuilles sont délicieuse en salade tiède avec des lardons mais aussi avec du hareng fumé. Le coeur (puntarella) légèrement poêlé est fabuleux. En Italie on mange les feuilles et le coeur(puntarella), en fait ces jeunes tiges au coeur de la chicorée ressemblent à des flammes.