Depuis le 1er avril, on peut fumer un joint en public en Allemagne, car Berlin a légalisé le cannabis à usage récréatif. Et ce n’est pas un poisson d’avril! A quelques secondes de son entrée en vigueur, au milieu de la nuit du 31 au 1er, des centaines de fumeurs se réunissaient près de la porte de Brandebourg pour fumer leur premier joint légal.
En bref, on doit être majeur, ne pas cultiver plus de 3 pieds et on peut en avoir jusqu’à 25 grammes sur soi. Mais il y a des restrictions et certains lieux sont interdits, c’est pourquoi, il vaut mieux s’informer en lisant Légalisation du cannabis en Allemagne, ce que dit la loi, pour éviter les surprises car c’est toujours une drogue. Surtout pour répondre à la question qui brûle les lèvres plus qu’un stick en fin de vie : est-ce que les Français pourront consommer du cannabis en Allemagne?
Avec le cannabis, l’Allemagne plus tolérante que la France
En réalité, Berlin a toujours été assez coulant avec la consommation d’herbe à 5 doigts, il s’y tient même depuis longtemps un Festival du Cannabis, et le CBD était en vente libre en Allemagne alors que la France criait toujours au diable ! La France et la Bavière 🙂
A ce propos, je vous invite à lire ce que dit l’ambassade de France à Berlin sur l’usage du cannabis en général.
Je me souviens de cette cour de ferme dans le Brandebourg, où quelques pieds poussaient à côté du fumier et des poules qui picoraient. Les propriétaires avaient une cinquantaine d’années et fumaient un petit joint après leur journée de travail. Leurs deux enfants ne fumaient pas, ils buvaient une Hefe Weisse, c’était tranquille.
Cette légalisation ne s’est pas faite du jour au lendemain, certaines régions comme la Bavière ou certains Länders y étaient opposés, et le vote de la loi fut retardé à plusieurs reprises, au point que j’écris ce billet sur plusieurs années en passant du futur au présent puis au futur et enfin au présent. Et la controverse va bon train, par exemple, le CDU/CSU l’annulera dès qu’ils pourront.
Ganja Smoka chez Lidl
En juillet 2021, en faisant quelques courses chez Lidl, je tombais sur ces rayons qui faisaient la promo de produits cannabinacées, cookies, thé, barres de protéines, huile et même chips que je goûtais et qui étaient carrément immangeables. Pour info, je ne fume pas, mais j’adore l’odeur de l’herbe qui grésille et ces chips sentait plus l’argent que comptaient se faire, en surfant sur la vague, les patrons de Lidl, car en réalité il s’agit plutôt de « goût cannabis » ou d’extrait.
Il y a quelques mois, c’est des pastilles Pulmoll à l’herbe que je trouvais.
Ce que dit le gouvernement allemand de la légalisation du cannabis
Le ministre de la Justice Marco Buschmann ((FDP) pense clairement différemment que Gérald Darmanin !
« L’approche restrictive adoptée jusqu’à présent en Allemagne à l’égard du cannabis a échoué. L’interdiction du cannabis criminalise d’innombrables personnes, les pousse dans des structures criminelles et mobilise d’immenses ressources auprès des autorités de poursuite pénale. Il est temps d’adopter une nouvelle approche qui permette une plus grande responsabilité individuelle, qui fasse reculer le marché noir et qui décharge la police et les procureurs. Nous faisons davantage confiance aux gens – sans pour autant minimiser les dangers que peut représenter la consommation de cannabis ».
Et Cem Özdemir (Die Grünen), le ministre de l’Agriculture, d’ajouter :
« La consommation de cannabis est une réalité sociale. Une politique d’interdiction menée pendant des décennies a fermé les yeux sur cette réalité et a surtout causé des problèmes : au détriment de nos enfants et adolescents, de la santé des consommateurs et des autorités de poursuite pénale. Aujourd’hui, nous mettons en place une politique cohérente et pragmatique en matière de cannabis, de la culture à la consommation. Avec cette dépénalisation, plus personne ne doit être obligé d’acheter chez des dealers sans savoir à quoi s’en tenir. Grâce à une culture contrôlée et à la distribution dans le cadre de clubs de cannabis, nous renforçons la protection de la jeunesse et de la santé. Et : nous coupons l’herbe sous le pied du crime organisé, qui n’hésite pas à vendre même aux enfants. » (super jeu de mot : couper l’herbe sous le pied, il aurait pu dire « couper la marijuana » 🙂
En France, le simple fait de porter un T-shirt avec une feuille de Cannabis est considéré comme une infraction, provocation au délit, puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75000 euros d’amende. J’ose espérer que cette loi est rarement appliquée, mais on voit quand même la différence d’approche des deux pays, en France, on réprime.
Différents ministères se sont réunis pour mettre en place un cadre, tout en prenant en compte les lois de l’union européennes et internationales, ci-dessous, quelques-uns des points sur lesquels se basera la nouvelle loi. (Il y en a beaucoup plus, vous les trouverez sur le site du ministre de la Santé). Le gouvernement envisageait aussi une distribution commerciale, mais l’Europe a mis son holà.
Ici, je me suis intéressé à la “Culture personnelle, privée et communautaire, à but non lucratif”,
Légalisation du cannabis en Allemagne, ce que dit la loi
Les adultes sont autorisés à cultiver du cannabis en certaines quantités de manière privée ou dans des organisations à but non lucratif. L’objectif reste de contrôler la qualité, d’empêcher le transfert de substances contaminées, d’assurer la meilleure protection possible des mineurs et de la santé des consommateurs et d’endiguer le marché noir.
Dans des cadres juridiques étroits et clairement définis, les associations à but non lucratif (cannabis social club)peuvent cultiver conjointement du cannabis à des fins récréatives et le vendre à leurs membres pour leur propre consommation. Les membres doivent être aussi actifs que possible dans l’association. La participation des employés des associations à la culture est autorisée, cependant, la mise en service de tiers avec la culture est exclue. Un peu comme les cofee shops néerlandais.
En plus du cannabis récréatif récolté, les membres peuvent également recevoir des graines et des boutures produites par l’association pour leur propre culture. Il est à l’étude si et comment les semences et/ou boutures pour la culture privée peuvent être obtenues auprès des associations à prix coûtant sans que l’appartenance à une association ne soit une condition préalable pour cela.
Le nombre de membres par association est limité à un maximum de 500 avec un âge minimum de 18 ans et un domicile ou résidence habituelle en Allemagne. Le nombre d’associations peut être limité par la densité de population. Voilà qui répond à la question, est-ce que les Français pourrons fumer du cannabis à Berlin.
La distribution du cannabis récolté (fleurs) n’est autorisée qu’aux membres ; aucune distribution à des tiers ; max 25 grammes de cannabis par jour, max 50 grammes par mois, max sept graines ou cinq boutures par mois. La fourniture aux adolescents de moins de 21 ans est limitée à une quantité de 30 grammes par mois, en plus d’une limite sur la teneur en THC autorisée (limite à préciser). Cela devrait se refléter dans la sélection des variétés.
On examine si et comment les semences et les boutures peuvent être échangées gratuitement entre les associations à des fins d’assurance qualité.
Des exigences de qualité s’appliquent à la culture communautaire (notamment interdiction des additifs ou mélanges tels que le tabac ou les arômes, exigences en matière de pesticides, pas de cannabinoïdes de synthèse).
La livraison se fait uniquement sous forme pure (fleurs ou résine) dans un emballage neutre ou en vrac avec des informations jointes sur le produit (variété, y compris sa teneur moyenne habituelle en THC et teneur en autres cannabinoïdes comme le CBD), le dosage et l’application ainsi que les risques de centres de consommation et de conseil.
La consommation dans les locaux de l’association est interdite, de même que la consommation publique à moins de 200 mètres des écoles, crèches ou similaires et dans les zones piétonnes jusqu’à 20 heures.
La possession sans pénalité (port en public) est possible pour une consommation personnelle jusqu’à 25 grammes ; il existe des dispositions pénales en cas de possession au-delà, de commerce et de vente à des non-membres ainsi qu’à des enfants et des jeunes ainsi que de la vente de cannabis non cultivé dans les associations elles-mêmes.
L’autoculture privée sans punition comprend un maximum de trois plantes à fleurs femelles et doit être protégée de l’accès des enfants et des jeunes.
Pour vraiment tout savoir, il vaut mieux se rendre sur le site du ministère de la Santé : Eigenanbau und Modellversuch – Bundesregierung einigt sich auf Eckpunkte zu Cannabis