Le printemps des poètes

foret A berlin - Photo copyright Didier Laget
C’est une famille franco allemande dans le train. Ils occupent les 4 places autour d’une table, ce que la SNCF appelle un carré. Je suis assis derrière eux. Le père est allemand et la mère française, deux garçons. J’ai du mal à imaginer l’âge qu’ils ont, disons qu’il y en a un grand et un plus petit qui bouge beaucoup. Le grand a des devoirs à faire, la lecture d’un poème qui ne l’emballe pas vraiment. Le père prend le livre et commence la lecture du texte allemand, en alternant le texte original avec le texte français. Très rapidement le petit frère arrête de bouger. Bien que le père lise doucement, j’entends bien sa voix et je suis envoûté par sa diction et comment les mots vibrent dans sa bouche. À la fin j’ai une grosse boule dans la gorge, derrière moi, c’est le silence. Et je crois que le petit frère se met à pleurer doucement.

Ce poème, c’était le Roi des Aulnes, de Goethe. Je l’avais déjà lu mais cela ne m’avait pas fait cet effet, l’entendre à haute voix, sans pathos, m’a vraiment touché.

En France commence aujourd’hui le Printemps des poètes, alors voici le Roi des Aulnes, vous trouverez deux traductions sur Wikipedia.

Erlkönig

Johann Wolfgang von Goethe

Wer reitet so spät durch Nacht und Wind ?
Es ist der Vater mit seinem Kind.
Er hat den Knaben wohl in dem Arm,
Er fasst ihn sicher, er hält ihn warm.

Mein Sohn, was birgst du so bang dein Gesicht ? –
Siehst Vater, du den Erlkönig nicht !
Den Erlenkönig mit Kron’ und Schweif ? –
Mein Sohn, es ist ein Nebelstreif. –

„Du liebes Kind, komm geh’ mit mir !
Gar schöne Spiele, spiel ich mit dir,
Manch bunte Blumen sind an dem Strand,
Meine Mutter hat manch gülden Gewand.“

Mein Vater, mein Vater, und hörest du nicht,
Was Erlenkönig mir leise verspricht ? –
Sei ruhig, bleibe ruhig, mein Kind,
In dürren Blättern säuselt der Wind. –

„Willst feiner Knabe du mit mir geh’n ?
Meine Töchter sollen dich warten schön,
Meine Töchter führen den nächt lichen Reihn,
Und wiegen und tanzen und singen dich ein.

_Sie wiegen und tanzen und sigen dich ein.“

Mein Vater, mein Vater, und siehst du nicht dort
Erlkönigs Töchter am düsteren Ort ? –
Mein Sohn, mein Sohn, ich seh’ es genau,
Es scheinen die alten Weiden so grau. –

„Ich liebe dich, mich reizt deine schöne Gestalt,
Und bist du nicht willig, so brauch ich Gewalt !“
Mein Vater, mein Vater, jetzt fasst er mich an,
Erlkönig hat mir ein Leids getan. –

Dem Vater grauset’s, er reitet geschwind,
Er hält in Armen das ächzende Kind,
Erreicht den Hof mit Mühe und Not,
In seinen Armen das Kind war tot.

Post Mailum : Oui je sais, aucun aulne sur la photo qui illustre ce billet, j’ai donc pris la première photo de cocotiers qui me tombait sous la main, en pensant que vous ne verriez pas la différence.

7 réponses

  1. Après une maîtrise d’allemand, Elkönig est le seul poème dont je me souviens seize ans plus tard. Parce qu’il est le seul à m’avoir autant touchée par sa beauté et sa musicalité.

  2. Effectivement c’est un des plus beau texte en allemand que je connaisse. Il m’avait beaucoup touché et quand j’étais adolescent, au collège. Je m’en suis souvenu et il m’a parlé des année plus tard…quand j’a perdu mon 2ème fils à la naissance.
    Je trouve que l’allemand lui va beaucoup beaucoup mieux que le français ( d’ailleurs, Didier, tes liens ne fonctionnent pas !)
    Merci d’avoir partagé cette scène dans le train et de nous avoir repartagé de texte.

    En ce qui concerne le printemps des poetes, je trouve que le site est super et j’adore le poeme « je suis à toi comme… »

  3. @Goeft perdre un enfant, c’est une expérience que je suis content de n’avoir jamais vécu, ce doit être une dévastation. Merci pour les liens.

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